Last updated on 4 mars 2021
L’impéritie de l’Etat fut à son comble pendant toute la crise pandémique Covid-19 : impréparation, destruction de millions de masques, externalisation en Chine de tous nos moyens de défense, fédéralisme mal pensé avec pas moins de neuf ministres touchant, d’une manière ou d’une autre, aux matières liées à la Santé, sous-estimation du danger puis excès de prudence, crise de l’expertise sur fond d’informations contradictoires… Tout cela a désorienté la population et l’a rendue à la fois craintive et docile.
Avec (au 29 janvier 2021 – chiffres de l’Université John Hopkins) près de 1.800 morts par million d’habitants attribuées au Covid-19, notre pays est toujours premier mondial. Par rapport à l’Allemagne, également pays fédéral, la Belgique a donc largement raté son crash-test.
Problèmes d’organisation
On peut certes attribuer nos mauvaises performances à la densité de population (une des plus fortes du monde mais inférieure à Singapour qui performe mieux) ou à une population très âgée (une bonne partie des décès attribués au Covid l’ont été dans les maisons de repos). On peut encore se trouver des circonstances atténuantes dans le fait que les Belges circulent énormément et sont très sociables, ont beaucoup d’amis, sont des sorteurs et des noceurs, multiplient les occasions de se contaminer…
Mais il ne faut pas se voiler la face : c’est bien un problème d’organisation (ou de désorganisation) qui explique la contre-performance de la Belgique.
Et d’ailleurs, cela continue : les leçons des échecs face à la première et la deuxième vagues n’ont pas réellement été tirées lorsqu’on analyse notre approche de la vaccination et sa logistique.
Dépendance vis-à-vis de l’Union européenne
Certes, notre pays dépend étroitement de l’Union européenne et si les commandes de deux milliards de doses de vaccins ne suivent pas ce n’est pas la faute de nos gouvernements ; certes, on a cette fois nommé un commissaire « vaccination » par Région (le Pr Yvon Englert, médecin et ancien recteur de l’ULB, pour la Wallonie) et on nous a présenté un échéancier précis ainsi que les centres de vaccination dans lesquels les candidats à la vaccination se rendront pour retrouver la vie d’avant.
Le hic est que le centre de vaccination du Heysel par exemple n’a accueilli que 200 personnes par jour pour une capacité de 3.000. Des milliers de doses doivent être jetées (14.000/385.000 au 25/02) lorsqu’elles ne sont pas utilisées.
Lenteur du calendrier vaccinal
La lenteur du calendrier vaccinal laisse pantois : les personnes « normales » (âgées de 18 à 65 ans sans comorbidité) ne seraient en effet vaccinées qu’à la fin de l’été, voire au 4e trimestre 2021 en ce qui concerne la première dose. Pendant ce temps, près de 3 millions d’Israéliens sont déjà vaccinés ainsi qu’un million d’Américains et les Britanniques, Brexit oblige, ont commencé la vaccination six semaines plus tôt. A tel point que le ministre fédéral de la Santé Frank Vandenbroucke songeait fin février à ne délivrer qu’une seule dose pour aller plus vite…
Il faut espérer que face aux critiques, le déploiement de la vaccination s’accélère en même temps que l’augmentation des capacités des laboratoires pharmaceutiques — telle l’usine Pfizer de Puurs qui a été agrandie —, sans oublier l’aide de laboratoires concurrents (Sanofi a par exemple accepté de produire 600 millions de doses du vaccin Pfizer-BioNTech).
Mais quoi qu’il arrive, la Belgique, en manque de vrais leaders et de négociateurs de choc, est une nouvelle fois le parent pauvre de la lutte contre la pandémie et la laissée-pour-compte du monde développé.