Press "Enter" to skip to content

5G : la Belgique piétine, le reste du monde avance

Last updated on 4 mars 2021

Dans leur plaidoyer contre la 5G, plusieurs associations évoquent la menace que ferait planer cette nouvelle technologie sur la biodiversité, la santé humaine et, partant, « les équilibres planétaires ». 

Réunis au sein du collectif « Stop 5G », ces groupuscules ont remis au président du Parlement wallon, le 17 février dernier, une pétition ayant recueilli 3.542 signatures. Le texte réclame l’audition publique du Pr Paul Héroux, spécialiste canadien de l’impact des rayonnements électromagnétiques. Ce physicien de l’université McGill (Montréal) est persuadé que l’industrie des télécoms infiltre l’Organisation Mondiale de la Santé dans le but de cacher à la population les effets néfastes des ondes électromagnétiques.

Vous avez dit complot ?

La théorie fait frétiller les milieux complotistes. Mais si complot il devait y avoir, les responsables politiques belges n’en font certainement pas partie. À divers échelons institutionnels, ils sont en effet nombreux à freiner des quatre fers le développement de la 5G sur notre territoire. Des communes réclament des moratoires sur l’implantation des antennes. La Région bruxelloise souhaite la tenue d’un débat entre parlementaires et citoyens sur les normes d’émissions.

Le Fédéral, lui, pousse dans le dos les différentes strates de pouvoir pour lancer, d’ici la fin de cette année, une vente aux enchères des droits. Le cadre législatif doit tenir compte des préciosités juridiques propres à notre État fédéral (les normes de rayonnement dépendant des Régions), mais aussi des avis citoyens. Pour la ministre Petra De Sutter, 70% des Belges devraient (au conditionnel, donc) avoir accès à la 5G… en 2023.

Dogme de la croissance

Entre-temps, des militants se lancent dans des actions à l’attention des médias, en placardant, par exemple, les boutiques télécoms de slogans hostiles au déploiement de la 5G. Ce fut le cas dans la nuit du 9 au 10 février, dans une dizaine de communes de Wallonie. Leur leitmotiv ? La tenue d’un débat démocratique autour de cette nouvelle technologie, visant à « remettre en cause le dogme de la sacro-sainte croissance », selon les termes du communiqué des « Gilets Jaunes Namur » ayant revendiqué l’opération.

Ces tergiversations institutionnelles et idéologiques n’émeuvent pas le reste du monde. La carte des connexions 5G révèle sans surprise une couverture grandissante en Amérique du Nord, en Asie du Sud-Est et en Europe. Le Suédois Ericsson est l’un des principaux développeurs de la 5G. Son patron Börje Ekholm s’est récemment félicité du bond de ses bénéfices en 2020, dopés selon lui par… la pandémie. Mais aussi « par les signes que les pays et les entreprises considèrent la 5G comme une technologie d’accès-clé ».

En Chine, 200 millions de connexions

Même s’il faut les appréhender avec un maximum de précautions, les chiffres sur l’évolution de la 5G en Chine montrent une constante hausse du nombre d’antennes et d’abonnés. Fin 2019, les grands opérateurs chinois ont donné le départ de la course. Pour quel résultat aujourd’hui ? Le salon MWC qui s’est ouvert en février à Shanghai annonce 200 millions de connexions 5G et 718.000 stations installées sur l’ensemble du (vaste) pays.

La 5G permet aussi de réaliser des prouesses technologiques inespérées il y a deux ans. Le milieu de la neurochirurgie en a déjà tiré profit. Des articles publiés dans les revues médicales en attestent. Aux commandes d’un robot télécommandé, des chirurgiens italiens ont ainsi pu simuler, en juillet 2020, une intervention sur des cordes vocales, à 15 kilomètres de distance, avec un décalage de 280 millisecondes. Depuis lors, des opérations à distance, sur des cerveaux et d’autres organes vitaux, ont confirmé l’intérêt croissant du monde médical pour ces nouvelles performances technologiques.

Sauver des vies humaines

La technologie 5G ouvre la voie à des débits jusqu’à cent fois plus rapides que la 4G actuelle. Elle ne permettra pas seulement, demain, de stationner seule nos voitures autonomes, de faciliter le télétravail ou d’accélérer le débit de chargement des plateformes de streaming. Elle permettra, surtout, de sauver des vies humaines.